La crise russo-ukrainienne : les impacts pour les entreprises françaises

La guerre en Ukraine engendre une nouvelle crise économique dont les conséquences commencent à se faire sentir sur l’économie et les entreprises de nombreux pays dont la France. L’Europe se coupe progressivement des liens commerciaux et financiers avec la Russie par le gel et la saisie des avoirs des oligarques russes, par le blocage partiel du système de paiement international Swift, par des embargos sectoriels… Le poids économique des échanges russes et ukrainiens bien qu’il concerne 1 200 sociétés françaises, reste faible pour l’ensemble de l’économie nationale. Ce poids impacte cependant très fortement le prix des matières premières, à savoir du pétrole, du gaz, du blé, du maïs, du charbon, de l’aluminium, du cuivre, du nickel… Souvent par la seule crainte d’une déstabilisation de l’approvisionnement mondial.

 

Extrait du webinaire du 17 mars –  BPI France

GUERRE EN UKRAINE : QUELS RISQUES POUR L’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE ?

La France est globalement peu dépendante des économies russe et ukrainienne… mais affiche néanmoins une forte dépendance pour certains produits…
  • 1,3% des exportations françaises vont en Russie et 0,3% vers l’Ukraine
  • 1,6% des importations proviennent de Russie et 0,2% d’Ukraine
  • 535 filiales françaises dont 35 groupes du CAC 40 sont en Russie et 159 en Ukraine, soient 2% des filiales françaises à l’étranger.
  • La France est le 7ème pays investisseur en Russie

(Source : DGDDI, calculs Bpifrance)

  • Les produits pétroliers représentent 17% des importations françaises
  • 9% des hydrocarbures naturels et autres produits des industries extractives (dont 33% pour le charbon)
  • L’industrie aéronautique (4,5% des exportations)
  • L’industrie chimique, des parfums et cosmétiques (3,4%)

 

Le credit management avec la Russie à l’épreuve des sanctions et du circuit de paiement des créances

Dans ce nouveau contexte, sur cette zone de conflit, il incombe aux credit managers de préserver la santé financière de leur entreprise en faisant face à un certain nombre de problématiques liées aux exigences de conformité réglementaires, de livraisons, de paiement ou encore de recouvrement de créances. La crise russo-ukrainienne pousse ainsi certaines entreprises françaises à réorienter leur stratégie de croissance commerciale et d’investissement sur cette zone de conflit. A court terme, les objectifs pour les entreprises françaises sont de :

  • Identifier avec qui elles peuvent avoir et continuer à avoir des relations d’affaires sans peine de sanction. Il leur faut ainsi éviter de faire du commerce avec une entreprise qui a un actionnaire personne physique ou morale blacklistée.
  • Vérifier si le produit à l’exportation ne relève pas d’une interdiction d’exporter.
  • Analyser la base de tiers pour anticiper et sectorialiser un certain nombre d’entreprises avec lesquelles les risques de défaut de paiement et de livraison sont élevés .
  • Se questionner sur les conséquences de livraison et les difficultés de paiement sur cette zone avec l’interdiction d’accéder pour sept grandes banques russes au système SWIFT. SI une société française :
    • Fournit une société russe, la question est comment va-t-elle être payée ou comment récupèrera-t-elle sa créance et par quel circuit bancaire ? Bien que SWIFT ne soit pas une institution financière, c’est un pilier de la finance mondiale car il permet à une banque de transférer de l’argent à toute autre banque dans le monde, soit 11 000 banques concernées dans 200 pays.
    • S’approvisionne auprès d’une entreprise russe, et que cet approvisionnement n’arrive pas, bloqué à la douane par exemple. Cet état de fait peut mettre en péril la pérennité de l’entreprise avec la suspension des liaisons notamment par les grandes compagnies de transport. En effet dans cette zone, les exportations des produits agricoles et métaux sont fortement affectées par le blocage des ports qui assurent 70% de leur transit par voie maritime.
  • Mieux connaître et comprendre la chaîne logistique pour maîtriser la distribution et la livraison client :
    • Evaluer sa dépendance à l’étranger de sa chaîne de fabrication et d’assemblage,
    • Déterminer les tensions d’approvisionnement sur les composants critiques,
    • Vérifier si les tiers fournisseurs ne sont pas dépendants eux-mêmes de clients installés en Ukraine ou en Russie,
    • Faire une analyse des matériaux et matières premières (gaz, pétrole, blé…). Par exemple, l’Ukraine et la Russie produisent à elles seules 29 % du blé du circuit international.

 

Le KYC et la gestion des risques au cœur des préoccupations des credit managers

Dans cette situation incertaine de conflits armé et économique, il ne faut pas non plus négliger les risques de fraude ou de corruption qui se croisent inévitablement. Ainsi, il est important pour les entreprises d’utiliser des référentiels de données à forte valeur ajoutée, et notamment ceux disposant d’informations fiables et complètes sur les liens financiers et bénéficiaires effectifs dans les entreprises. Une bonne connaissance des tiers en BtoB est plus que jamais au coeur du développement de relations d’affaires saines et durables, notamment dans la gestion du crédit interentreprises.