Un secteur bousculé par la crise

La Distribution souffre depuis plusieurs années d’un contexte économique difficile et d’un environnement réglementaire contraignant. Concernant plus précisément la Grande distribution, l’érosion du modèle économique et le manque d’ouverture de celui-ci participent à l’avènement de mesures d’économie en personnel et au succès des magasins « low-cost ». Sur le terrain, des ajustements s’opèrent. Le groupe Casino, en difficulté financière, cède des fonds de commerce au groupement Intermarché ; de son côté, Carrefour annonce une réduction de 1 000 postes salariés sur différents établissements. Pour nombre de petits détaillants, l’explosion des ventes sur Internet, de la livraison à domicile et de l’arrivée de nouveaux « category-killers » rendent le métier plus difficile. La récente crise Covid-19, avec la fermeture forcée des magasins de la Distribution non-alimentaire, a asséché de nombreuses trésoreries artificiellement soutenues par les Prêts Garantis par l’Etat qu’il faut désormais rembourser.

max jammot

Un secteur de poids

Le secteur de la Distribution ici étudié compte près de 670 000 entreprises actives, soit 5,8% de la population entrepreneuriale métropolitaine pour 4,5% des effectifs. Ce secteur est dominé par la distribution non alimentaire (85% des entreprises pour 27,4% des salariés), représentée principalement par la vente à domicile avec près de 30% des intervenants du secteur, portée en particulier par l’autoentreprenariat depuis 2008. La vente à domicile a toutefois été bousculée par la montée en puissance d’internet avec des vendeurs à distance sur catalogue spécialisé ou général. Suivent la distribution alimentaire (13% des entreprises du secteur pour 13,8% des salariés), et enfin la grande distribution généraliste, allant de la supérette à l’hypermarché, qui, si elle ne représente que 2% des entreprises, emploie 59% des salariés du secteur de la Distribution.

Un dynamisme qui reste bon, mais en perte de vitesse

Entre janvier 2022 et janvier 2023, la population d’entreprises actives dans la Distribution a progressé de +4,3%, soit un peu en deça des +5,4% constatés en France métropolitaine tous secteurs confondus. Le secteur de la Distribution a cependant enregistré pendant la pandémie Covid-19, un pic entre 2020 et 2021 avec +11,4% d’entreprises. En effet, la période a été jugée propice par de nombreuses personnes pour lancer leurs petites entreprises en complément salarial ou pour changer d’orientation professionnelle.

Une forte hausse de la sinistralité

À fin mai 2023, sur 12 mois glissants, la sinistralité du secteur de la Distribution est revenue aux niveaux d’avant crise Covid-19, voire à des niveaux supérieurs à ceux de 2019. Sur un an, avec près de 4 000 ouvertures de redressement judiciaire ou liquidation judiciaire directe, l’augmentation du nombre des procédures collectives atteint +59% ! Menaçant près de 11 000 postes salariés. Le secteur représente 8,5% des défaillances et 6,6% des effectifs menacés par ces procédures en France métropolitaine toutes activités confondues. La plus forte augmentation du nombre de défaillances touche la distribution alimentaire (+ 66 % de procédures). Les premières victimes de ces défaillances sont les commerces d’alimentation générale représentant 17,6% des procédures collectives du secteur, en hausse de +60,7% sur un an. Suivent les boucheries de détail pour 10,8% des procédures du secteur (+ 58,4% sur 12 mois glissants à fin mai 2023).

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