
Fraude, un phénomène en pleine expansion
Plus de 70% des entreprises, tous secteurs d’activité confondus, sont victimes de fraude, la tendance se renforce chaque année, et ce n’est pas près de s’arrêter.
L’explosion de ce phénomène a été nourrie par la transformation des organisations et la digitalisation des processus, plaçant les grandes entreprises en première ligne face à ce risque croissant. Cette dynamique, accompagnée par l’évolution technologique, a donné lieu à une véritable professionnalisation de la fraude. Il n’est plus nécessaire de savoir coder, ni d’avoir des compétences techniques. Les fraudeurs ne sont plus des individus, mais de véritables entreprises organisées et équipées. Des outils clés en main existent pour également permettre à une multitude d’individus de se lancer sur ce « marché ».
Désormais, c’est l’intelligence artificielle qui vient s’affirmer comme le principal danger et à la fois le rempart numéro un contre la fraude. Si les entreprises généralisent le recours à l’IA et aux solutions comme ChatGPT, les fraudeurs, eux, ont une longueur d’avance.
Comment alors se protéger ?
Il convient en premier lieu de prendre conscience de l’asymétrie qui existe entre les moyens mis en œuvre pour se défendre et la technicité mise en œuvre par les fraudeurs. L’industrie du hacking se développe plus vite que la transformation des entreprises, et la dernière chose à faire est de sous-estimer les fraudeurs.
Ensuite, une cartographie des risques et des audits réguliers doivent être mis en place de manière transverse à l’entreprise, afin d’identifier les vulnérabilités et de déployer les actions nécessaires. C’est l’affaire de tous, et pas seulement des personnes responsables de la sécurité, dans la mesure où le fraudeur va identifier le point faible de l’organisation. Il peut s’agir d’un processus, comme d’une personne identifiée.
Enfin, les entreprises doivent s’approprier l’intelligence artificielle et s’équiper d’outils experts pour détecter en amont les fraudes de manière automatique. Elles doivent lever les alertes à l’entrée en relation avec un tiers, puis tout au long de la vie du contrat. Il ne faut en effet pas baisser la garde : nombre d’entreprises tout à fait légales sur le papier et ayant une activité réelle servent de cheval de Troie pour « détrousser » les entreprises.
Géraud Zeller
Responsable Marketing Stratégique et Partenariats chez Ellisphere, Géraud conçoit et déploie des offres innovantes en Risk Management. Il a mené des projets de transformation en cabinet de conseil, alliant stratégie et développement de nouvelles offres. Diplômé d’un Master Grande École en Corporate Finance, il conjugue vision marché et expertise financière.

Facturation électronique dans le transport routier, la mise en conformité avance de façon hétérogène
La double échéance de la facturation dématérialisée (en septembre 2026 et 2027) ne sera pas le “grand soir” de la digitalisation du transport routier, mais elle questionne certaines habitudes dans ses entreprises. À trois niveaux (au moins).
Le premier niveau concerne la lettre de voiture (document contractuel à la source de la facturation), très utilisée en version papier. La facturation dématérialisée rend logique la eCMR prévue depuis 2017 (selon le règlement européen EFTI), solution prônée par certains, rejetée par d’autres.
Le second niveau adresse la sous-traitance et le cabotage qui structurent l’activité du transport routier aux plans national et transfrontalier. Sans aucun doute, les petites entreprises seront dûment appelées à se mettre au diapason des grandes, leurs donneurs d’ordre, dès 2026.
Le troisième niveau vise le nombre pléthorique de plateformes de dématérialisation partenaires (une centaine de PDP en pré-inscription) et la liaison avec les TMS (transport management system). La multiplicité des acteurs et leur interopérabilité non certifiée (à ce jour) laissent sceptiques les chefs d’entreprise sur la fluidité des échanges, les coûts induits (audits facturés, notes d’honoraires et prestations associées, coût unitaire à la facture, frais d’abonnement…) et les gains potentiels (délai de paiement, relances limitées, meilleur suivi des clients et du cycle de vie des factures…) selon la volumétrie des factures.
Conservateur de nature, innovant par principe, le secteur du transport routier (plus de 30 000 entreprises recensées) s’est toujours adapté aux jalons réglementaires et numériques (EDI dans les années 2000, tachygraphe électronique, généralisation des TMS et ERP, géolocalisation des véhicules…), mais au rythme de ce que permettent la santé financière des entreprises et l’acculturation des équipes. La digitalisation et la transition énergétique (sortie progressive du diesel pour les poids lourds) sont les deux horizons du transport routier. Mais à l’évidence des faits, la première ira plus vite que la seconde.
Benoît BARDEBETTE
Cofondateur associé et journaliste à News Tank Cities et News Tank Mobilités (groupe News Tank) depuis 2018, Benoît est conseiller éditorial de l’Officiel des Transporteurs (groupe AlaloopMédia) depuis décembre 2024. De 1994 à 1997, Benoît exerce en tant que chef de rubrique à Transport Magazine. De 1997 à 2002, il est rédacteur en chef de FranceRoutes (groupe Wolters Kluwer), puis rédacteur en chef de l’Officiel des Transporteurs de 2003 à 2017 et directeur des rédactions entre 2009 et 2017 (groupe Wolters Kluwer).



