Les crises successives (COVID, tensions sur les chaînes d’approvisionnement, inflation…) et les évolutions réglementaires (RSE, …), ont progressivement poussé les Directions Achats à redéfinir leurs missions au sein de l’entreprise : passer d’une logique de réduction des coûts à une logique prospective de gestion plus globale des risques (notamment le risque fournisseurs), où la gouvernance des données devient centrale, pour une évaluation à 360° des fournisseurs.
Qu’est-ce que le risque fournisseurs ? Pourquoi est-il aujourd’hui amplifié par un contexte global particulièrement instable ? Quels sont ses impacts pour l’entreprise ? Comment la digitalisation de la fonction Achats et l’IA ont-elles un rôle à jouer ? Décryptage.

Un contexte global particulièrement instable, amplificateur des risques fournisseurs

65%* des Directions Achats considèrent que le risque de défaillance fournisseurs est majeur en 2025 : la gestion des risques fournisseurs constitue donc un enjeu crucial.

Effectivement, les entreprises évoluent aujourd’hui dans un environnement mondialisé où les contextes géopolitique, économique ou technologique redéfinissent la donne, et accentuent la criticité du risque fournisseurs dans le processus Achats :

Contexte politique

  • Restrictions commerciales (embargos et sanctions) et gel des avoirs

Contexte économique

  • Inflation, récession, taux de change et politiques douanières

Contexte technologique

  • Risque cyber, IA et développement de la fraude

Contexte réglementaire

  • Devoir de vigilance, Sapin 2, etc.

Contexte environnemental

  • Climat et pression des ONG.

Ainsi, la maîtrise des risques fournisseurs devient plus que jamais un enjeu clé pour les Directions Achats.

Mais qu’entend-t-on aujourd’hui par risques fournisseurs ?

* « Tendances et Priorités des Départements Achats en 2025 » (AgileBuyer et le Conseil National des Achats [CNA])

 

Les risques fournisseurs : une menace aux multiples « visages »

Avec la mondialisation de l’économie, la sous-traitance en cascade, les concentrations d’entreprises et la dépendance industrielle, le risque fournisseurs est défini comme la probabilité, pour un donneur d’ordres, de voir son activité économique se dégrader, voire s’interrompre, à la suite d’un dysfonctionnement dans ses relations avec ses fournisseurs et prestataires ou d’un comportement non souhaité de la part de l’un d’entre eux.

Plus concrètement ? Ces dysfonctionnements peuvent être : un retard de production ou de livraison, une défaillance, une difficulté de trésorerie, un manque d’investissement, un écart de conduite entraînant un risque d’image (sous-traitants négligeant l’éthique, fabricants recourant au travail des enfants etc.).

Vous l’aurez compris, le risque fournisseurs constitue une menace « protéiforme » :

  • Risques géopolitiques – embargo, guerre, conflit
  • Risques économiques : Ces risques sont liés à la dynamique générale des marchés sur lesquels l’entreprise opère. Il peut s’agir de risques liés à la volatilité du marché, aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement et à l’évolution de la demande ou des prix.
  • Risques liés aux fournisseurs et à la stratégie Achats : Il peut s’agir de risques associés à la santé et stabilité financière du fournisseur ou prendre la forme d’une dépendance économique.
  • Risques de fraude  
  • Risques opérationnels : Ces risques sont inhérents aux processus et procédures internes utilisés par l’entreprise pour gérer les achats tels que des erreurs ou une inefficacité dans les flux achats, des contrôles inadéquats et un manque de transparence ou de visibilité de vos activités achats.
  • Risques de réputation et d’image : Ces risques sont liés au non-respect des exigences réglementaires, des normes éthiques, sociétales ou environnementales.

Les risques fournisseurs sont donc multiples et complexes, et imposent aux Directions Achats une redéfinition de leurs missions :

  • D’une part passer d’un objectif de seule réduction des coûts à un enjeu de performance de la Fonction Achats.
  • Mais également évoluer d’une logique d’adaptation à une logique d’anticipation, où la gouvernance des données et le concept de KYS (Know Your Supplier) deviennent une brique essentielle du processus Achats.

 

KYS : replacer l’information au cœur du processus Achats, pour une évaluation en continu de vos fournisseurs

23%* des Directions Achats forment leurs équipes à l’analyse de données (datamining ou data Analytics).

La donnée devient donc centrale pour maîtriser la dépense et le risque fournisseurs, améliorer la conformité et le pilotage des achats.

Comment ? Récolter des informations auprès des fournisseurs tant en amont qu’en aval de la relation pour plus de visibilité et d’efficacité dans le processus d’approvisionnement.

Les bénéfices d’une telle démarche sont multiples :

  • Sécuriser le référentiel de tiers à travers la vérification de l’identité et la connaissance des fournisseurs
  • Suivre en continu la situation financière des fournisseurs
  • Eviter les ruptures d’approvisionnement et les dépôts de bilan – en particulier des fournisseurs stratégiques –
  • Prévenir la dépendance sur des fournisseurs fragiles

Ce virage de la donnée implique ainsi un virage technologique, vers une digitalisation de la fonction Achats où l’Intelligence Artificielle (IA) a définitivement un rôle à jouer.

*« Les priorités des Départements Achats en 2023 » (AgileBuyer – Conseil National des Achats [CNA])

 Vers une nécessaire digitalisation des Directions Achats

En replaçant la performance au cœur des enjeux, les Directions Achats doivent aujourd’hui amorcer le nécessaire virage vers la digitalisation de leur fonction.

Et nous ne sommes qu’aux prémices de ce processus : en 2023, moins d’une Direction Achats sur 2 déclarait avoir engagé sa transformation digitale*.

Mais qu’entend-t-on par « digitalisation » ? il s’agit tout simplement de mettre la technologie au service de l’automatisation et de l’optimisation du processus Achats.

Plus précisément, cette démarche passe notamment par l’intégration des informations collectées autour des fournisseurs, dans le système d’information Achats de l’entreprise, via des connecteurs. Les bénéfices sont clairs : des données « KYS » centralisées, des équipes plus productives, des entreprises qui décident plus vite et mieux.

Au-delà de cette interconnexion entre les systèmes, se pose également l’utilisation de l’IA.

A travers ses capacités d’analyse avancée, d’automatisation et de prévision, cette technologie constitue effectivement un levier puissant de transformation, pour plus de performance.

Mais ce potentiel reste encore largement sous-exploité : seul ¼ **des Directions Achats utilisent l’IA dans leur métier.

Former les équipes, accélérer l’adoption de l’IA, faciliter l’intégration des données dans les systèmes mais également améliorer la qualité et la gouvernance de la donnée, s’imposent parmi les défis majeurs que devront relever ces prochaines années les Directions Achats, pour accroître leur performance.

 

* Baromètre annuel de la transformation digitale des Directions Achats – 2023

** « Tendances et Priorités des Départements Achats en 2024 » (AgileBuyer et le Conseil National des Achats [CNA])