En 2019, plus de 15 500 entreprises ont fait l’objet d’un redressement judiciaire (RJ). Cinq ans plus tard, en 2024, Ellisphere a mené une étude sur l’avenir de ces sociétés. Les résultats sont alarmants : 80 % d’entre elles ont été liquidées. Mais que sont devenues les 20 % d’entreprises qui ont survécu ? Qui sont-elles et comment ont-elles réussi à se relever ?
Cinq ans après un redressement judiciaire seule 1 entreprise sur 6 est encore active
Sur les 20 % d’entreprises qui ont survécu à leur redressement judiciaire en 2019, l’étude Ellisphere révèle des destins contrastés :
- 17 % sont toujours en activité aujourd’hui.
- Parmi celles-ci, seule une petite minorité (soit 3 % des 20 %) a une situation financière saine et semble être sur la voie d’une reprise durable.
- Cependant, la grande majorité (14 % des 20 %) reste dans une situation fragile et vulnérable
- Les autres entreprises (soit 3 % des 20 %) sont vouées à une fin proche :
- 2,6 % sont en voie de liquidation ou de faillite personnelle.
- 0,4 % demeurent en redressement judiciaire.
Suite à leur mise en RJ en 2019, la grande majorité (81%) des micro-entreprises dont le chiffre d’affaires est inférieur à 1M€ est toujours active en 2024 (82%). Une propension en augmentation traduisant une certaine résilience.
Les entités dont le chiffre d’affaires est compris entre 1M€ et 2M€ ( 9% des RJ en 2019) affichent également une belle résilience avec 10% d’entreprises toujours actives en 2024.
Cartographie régionale de la résilience d’entreprise après une procédure de RJ
Alors que 80 % des entreprises mises en redressement judiciaire en 2019 n’ont pas survécu, l’étude d’Ellisphere révèle de fortes disparités régionales dans les taux de survie cinq ans plus tard.
La Nouvelle-Aquitaine, championne de la résilience
La Nouvelle-Aquitaine se distingue nettement, avec un taux de survie de 21 %. Plus d’une entreprise sur cinq est encore en activité, un résultat bien supérieur à la moyenne nationale. Cette performance est remarquable, d’autant plus que la région ne représentait que 10 % des redressements judiciaires de 2019. Ce succès s’explique par son économie de proximité dynamique et la solidité de ses filières industrielles, notamment l’agroalimentaire et la fabrication de matériel de transport.
Les autres régions
- La région Auvergne-Rhône-Alpes affiche un taux de survie de 17 %.
- L’Île-de-France se situe à 15 %.
- La région PACA présente le taux le plus faible, à 14 %.
Le cas particulier de la région PACA
Le faible taux de survie en PACA est en grande partie dû à sa forte dépendance au secteur du tourisme, qui représente 13 % de son PIB. La pandémie de Covid-19 a lourdement impacté ce secteur, entraînant une vague de liquidations judiciaires et affaiblissant considérablement le tissu économique régional.
Quels sont les taux de survie des entreprises par secteur en 2024 ?
Le secteur de l’Agriculture et de la Pêche : une résilience fragile
En 2024, cinq ans après les redressements judiciaires de 2019, le secteur de l’Agriculture et de la Pêche (qui ne représentait que 4 % des RJ) affiche un taux de survie de 46 %. Cette résilience, bien supérieure à la moyenne, s’explique notamment par la prédominance des entreprises individuelles, qui font preuve d’une plus grande souplesse.
Cependant, la situation reste très précaire pour ces entreprises :
- Seules 8 % d’entre elles ont une situation financière saine.
- En revanche, 37 % sont toujours dans une situation fragile.
Ce secteur continue de faire face à de nombreux défis, tels que le manque de rentabilité, une forte concurrence internationale, la nécessité d’investissements conséquents et le poids de la dette.
Services financiers : entre résilience et défis
Le secteur des services financiers, qui représentait une faible part (0,66 %) des redressements judiciaires de 2019, présente un taux de survie de 23 %.
Cependant, la situation de ces entreprises est très contrastée :
- 18 % d’entre elles sont jugées en situation financière saine.
- 5 % sont encore dans une situation fragile.
Les défis du secteur sont multiples :
- Les assureurs doivent faire face à l’augmentation des coûts liés aux catastrophes naturelles.
- Les banques sont confrontées à plusieurs enjeux majeurs :
- La hausse des créances douteuses, notamment en raison de l’allongement des délais de paiement.
- L’impact des crises sanitaires (Covid-19) et des tensions géopolitiques.
- La concurrence croissante des acteurs en ligne, qui fragilise le modèle bancaire traditionnel.
Pharmacie : un secteur en tension
Les pharmacies, qui ne représentaient que 0,35 % des redressements judiciaires en 2019, montrent un taux de survie élevé de 36,3 % en 2024.
Cependant, cette résilience est fragile :
- Près de 30 % des pharmacies survivantes restent en situation précaire.
- Seules 16 % sont jugées en situation financière saine.
La récente décision du gouvernement de réduire le plafond des remises sur les médicaments génériques vient accentuer les difficultés. Cette mesure menace la rentabilité des pharmacies et leur trésorerie, augmentant leur vulnérabilité et risquant d’entraîner des suppressions d’emplois pour faire face à la situation.
Bois, papier, carton : un secteur en difficulté
Le secteur du bois, papier et carton, qui représentait 1,15 % des redressements judiciaires en 2019, n’affiche qu’un taux de survie de 22 % en 2024.
Deux activités en particulier sont durement touchées :
L’exploitation forestière
Ce secteur concentre le plus grand nombre de défaillances. En 2024, 73 % des entreprises survivantes ont été liquidées. Les 26 % restantes sont dans une situation fragile, et seulement 1 % est jugée saine. Ces difficultés sont le résultat de nombreux défis :
- Pénurie de main-d’œuvre.
- Aléas climatiques (tempêtes, sécheresses).
- Forte concurrence étrangère.
L’imprimerie
Ce secteur subit également de plein fouet une chute de la demande et une forte augmentation des coûts des matières premières, ce qui érode les marges. En conséquence, toutes les entreprises d’imprimerie encore en activité en 2024 sont considérées comme fragiles.
Quelle est la forme juridique des entreprises résilientes ?
En 2024, les sociétés civiles et les affaires personnelles se distinguent par leur capacité à surmonter les difficultés. Elles affichent les taux de survie les plus élevés après un redressement judiciaire, avec respectivement 44,61 % et 32,7 %.
Cette résilience s’explique en grande partie par leur souplesse structurelle, qui leur permet de s’adapter plus facilement que d’autres formes juridiques d’entreprises.
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