Un secteur sous forte tension

Le conflit russo-ukrainien a bousculé des marchés déjà sous tension. L’énergie, hors de prix, a fortement relancé l’inflation. Tous les métiers du Bâtiment et Travaux Publics (BTP) ont été globalement impactés par une demande accrue, une production insuffisante, une explosion des prix des matières premières et une hausse des coûts de production.

La situation du BTP est devenue préoccupante : reports, annulations de travaux des particuliers ou encore pénalités de retard appliquées sur les marchés publics. Métaux, bois, caoutchouc… Les coûts de ces matériaux de base ne cessent d’être orientés à la hausse. Certaines matières premières sont parfois indisponibles à court terme, impactant alors durablement tous les chantiers en cours.

Les prix de l’acier ont augmenté de 50% depuis début 2021, ceux des polymères flambent ; le prix du bois de construction a quant à lui triplé au cours des douze derniers mois.

Dans ce contexte difficile, les cellules de crise du BTP ont été réactivées dans les départements, réunissant, sous l’égide des préfets, tous les acteurs de la filière. L’objectif est d’échanger localement sur les sujets de tension et tenter d’y remédier. Les PME des travaux publics, particulièrement impactées par la hausse du prix du gasoil non routier, bénéficient d’une aide spécifique (enveloppe globale de 80 M€, versée en une fois, au prorata du chiffre d’affaires des entreprises éligibles).

Chiffres construction

Un environnement réglementaire générateur de surcoûts

Dans la Construction, entre mai 2021 et avril 2022, plus de 500 000 nouveaux logements ont été autorisés, selon le ministère de la Transition écologique, soit un niveau supérieur à 2019. Cet afflux soudain de permis de construire s’inscrit avec l’entrée en vigueur, au 1er janvier 2022, de normes thermiques et environnementales plus contraignantes dites « RE2020 » applicables aux constructions neuves.

Ces normes obligent les nouveaux logements à être mieux isolés contre le froid et la chaleur, en limitant ainsi leur impact environnemental, avec, à la clé, un surcoût de 7 à 8%. Une autre disposition impacte également les autorisations : l’objectif zéro artificialisation nette (ZAN) visant à réduire le grignotage des espaces naturels par rapport à la période 2012- 2021 ; une mesure plus favorable à l’habitat collectif qu’aux constructions individuelles.

L’anticipation de ces mesures, si elle gonfle temporairement le nombre de permis de construire, aura à terme pour effets, des permis de construire plus difficiles à obtenir et un surcoût financier à la construction. Ces conséquences refroidiront les nouveaux acquéreurs et en particulier les primo-accédants ; une population pour laquelle l’accès au crédit et la remontée des taux constituent déjà une première barrière.

En effet, au 1er janvier 2022, s’appliquent de nouvelles conditions d’octroi de crédits aux ménages afin de réduire le risque de surendettement. Le taux d’effort ne pourra plus excéder 35% des revenus et la durée de remboursement des prêts immobiliers sera limitée à 25 ans.

" Malgré les difficultés d’approvisionnement et de recrutement qui demeurent prégnantes, l’activité du secteur affiche son dynamisme avec un niveau élevé des carnets de commandes. Néanmoins, de nombreux acteurs, dont la Fédération Française du Bâtiment, font état de leur inquiétude sur le logement neuf qui pourrait fortement reculer d’ici la fin de l’année. "

— Max Jammot, Responsable du Pôle Économique chez Ellisphere

Max Jammot
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La construction : une activité de poids et toujours dynamique

Avec près de 719 300 entreprises actives, l’activité Construction (travaux publics, gros œuvre et second œuvre) pèse pour 6,4% de la population d’entreprises métropolitaines, et 6,5% des effectifs salariés toutes activités confondues. L’activité reste peu concentrée avec près de 77% de TPE et seulement 43% du chiffre d’affaires réalisés par les entreprises de plus de 50 salariés.

Trois segments pèsent plus particulièrement : travaux de maçonnerie générale et gros œuvre en bâtiment, travaux d’installation électrique tous locaux, et travaux de peinture et vitrerie. Ceux-ci comptent pour 41% des entreprises, 31,4% des effectifs salariés de l’activité Construction.

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Matériaux de construction : dégradation du climat des affaires

Avec un peu plus de 34 000 entités actives, soit 0,3% de la population d’entreprises en France métropolitaine, le nombre d’entreprises sur l’activité Matériaux de construction est inférieur à celui de l’activité de Construction. Ces activités étant souvent multisites (le négoce en particulier), le maillage territorial reste important avec en tout 53 200 établissements exploités.

Il s’agit également d’une activité de main d’œuvre et de vente qui compte près de 356 000 salariés, soit 1,6% de l’ensemble des salariés en France métropolitaine, toutes activités confondues. En région, les entreprises de Matériaux de construction sont concentrées à 51,2% en Auvergne-Rhône-Alpes, Île-de-France, Occitanie et Nouvelle-Aquitaine. Quant aux effectifs de cette activité, 45,8% sont employés dans les régions Hauts-de-France, Île-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes.

L’activité Matériaux de construction est nettement plus concentrée avec 64% de son chiffre d’affaires réalisé par les entreprises de plus de 50 salariés, dont 43% par celles de plus de 250 salariés. Les TPE y représentent cependant 63% des professionnels. Numériquement, c’est le négoce qui pèse le plus, les commerces de gros de bois et matériaux de construction et de détail en magasins spécialisés représentent 48% des entreprises et 45,4% des salariés de l’ensemble de l’activité.

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