L’impact de la crise sanitaire sur notre économie est indéniable et ses conséquences toujours plus notables. En effet, depuis plusieurs mois, les prix des matières premières flambent : cuivre, fer, acier, aluminium, bois, maïs, blé, soja… Tout cela additionné à une demande chinoise qui a explosé, on assiste réellement à un profond décalage entre la reprise de la demande et l’offre qui ne suit pas…

 

Une crise qui touchent toutes les matières premières

Peu de matières premières échappent à cette envolée ; certaines viennent même à manquer car les capacités de production mondiales n’ont pu suivre et répondre au redémarrage post-confinement.

Les fournisseurs insistent actuellement sur des ruptures durables d’approvisionnement des matériaux, et sur le fait qu’ils ne peuvent, ni garantir les délais de livraison, ni des prix facturés à la livraison en adéquation avec ceux établis à la commande… La pression est ainsi réelle sur les entreprises qui n’ont aucune visibilité quant aux délais de réalisation des chantiers et aux prix appliqués.

De leurs côtés, les cours des matières premières agricoles ont également évolué à des niveaux jamais atteints et ce, depuis plusieurs années.

 

Comment expliquer cette situation ?

Les raisons de ces hausses sont multiples : la baisse du dollar, la sécheresse au Brésil (qui a généré une explosion du cours du maïs),  les coups de gels en Europe (notamment en France mi-avril), les tensions logistiques dans le monde (crise des containers), les tensions commerciales entre la Chine et l’Australie, le manque de main-d’œuvre dans les plantations de palme, les taxes sur l’exportation de blé russe… Les prix des céréales ont ainsi augmenté de 22% sur un an (au plus haut depuis 2016).

Le cours du pétrole est également à son niveau le plus haut depuis plus de 2 ans et a ainsi pris 30% depuis un an… Au regard de cette tendance, l’OPEP avait d’ailleurs, en juin dernier, décidé de maintenir le rythme de production, sans pour autant évoquer l’avenir à court terme et potentiellement le retour du pétrole iranien sur le marché…

 

Bois et étain au centre des préoccupations…

Pour sa part, le cours du bois de construction a triplé au cours des douze derniers mois. Bien que la France soit le 4ème pays en Europe en termes de superficie de forêts (avec un fort pourcentage de chênes), notre pays est paradoxalement confronté à une pénurie de bois ; là encore une conséquence des achats massifs de la Chine.

De son côté, l’étain, prisé pour les circuits électroniques, les composants automobiles, les batteries, est également au plus haut depuis 2011 ; son prix a en effet doublé en un an. Le marché mondial de l’étain, déficitaire en 2020, a fait l’objet d’achats spéculatifs et comme tout métal de base, son cours est étroitement lié à la bonne santé de l’économie chinoise. Et enfin, que dire du cours du cuivre qui a battu début mai un record vieux de dix ans.

 

…mais également les difficultés d’approvisionnement

Les difficultés d’approvisionnement atteignent un niveau historiquement élevé dans l’industrie. Les entreprises s’en trouvent fortement handicapées avec non seulement des reports de livraisons mais parfois des annulations de commandes. Il est très délicat pour une entreprise de faire supporter au client cette explosion des coûts, mais difficile également pour elle de porter seule cette charge…

Les marges des entreprises déjà fortement altérées vont être encore plus impactées… La question est clairement de savoir si cela va perdurer et si oui, combien de temps…

 

Des difficultés qui devraient persister à minima jusqu’à la fin de l’exercice

Dans le monde, les capacités de production devraient continuer à s’accroître ; la demande pour certains matériaux devrait restée soutenue à long terme mais les capacités d’offre devraient, dans l’ensemble, s’ajuster progressivement.

 

Une crise qui touche également l’emploi des saisonniers

Les secteurs de l’Hôtellerie, de la Restauration ou encore de l’Agriculture font face actuellement à un manque avéré de saisonniers. Déjà présente les années précédentes, cette difficulté s’est fortement aggravée. Principale raison à cela :  les incertitudes liées au redémarrage de l’activité économique durant la pandémie, la reconversion professionnelle de certains saisonniers qui se sont détournés de leurs postes estivaux habituels afin de se positionner sur d’autres métiers jugés plus « sécures ».

Rappelons que certains saisonniers se sont retrouvés sans saison d’hiver 2020-2021, avec à la clef pour eux de graves difficultés financières.

 

Le secteur de l’Hôtellerie-Restauration durement touché

Le secteur de l’Hôtellerie-Restauration a ainsi alterné les bonnes et mauvaises nouvelles depuis le début de la pandémie : choc de la fermeture administrative du printemps 2020, lueur d’espoir l’été dernier puis douche froide à l’automne… Sans compter les mesures sanitaires drastiques, les jauges tout juste compensées par un élargissement des terrasses en juin dernier, etc. Quelques points positifs néanmoins : durant les périodes de couvre-feu, des professionnels du secteur ont tenté, avec succès pour un certain nombre, de se réinventer, en misant sur la livraison à domicile et le click-and-collect.

 

La pénurie actuelle de saisonniers est un énième obstacle pour la reprise de nombreuses activités

Des solutions ont néanmoins été amorcées : préembauches (avec l’aide des DREETS – Directions régionales de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités et de l’UMIH – Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie). Bon nombre d’établissements ont également mis en place un système dédié : les saisonniers qui acceptent de rejoindre leurs équipes reçoivent en retour une promesse d’embauche, ainsi que la garantie d’un accès au chômage partiel (jusqu’à la signature du contrat de travail). D’’autres proposent des logements à des tarifs très modérés, des hébergements réservés au sein de résidences étudiantes, ou encore des places dans des campings localement partenaires de ces opérations.

Simplifier et sécuriser les recrutements dans l’Hôtellerie-Restauration a été également l’objectif d’une plateforme HCR Emploi lancée en mai dernier ; toutefois, cela n’aura pas suffi. Outre le manque de serveurs, commis de cuisine, plongeurs pour la Restauration, de multiples postes pour l’Hôtellerie sont en souffrance : femmes de ménage, réceptionnistes…

 

Même constat pour le secteur de l’Agriculture

Et bien entendu, constat identique pour l’Agriculture : cueillette, castration du maïs, vendange… Les filières agricoles et viticoles sont à la recherche de tous les profils correspondants. Ces travaux saisonniers réputés durs ont toujours majoritairement été pourvus par la main-d’œuvre étrangère ; mais, dans une période marquée par la pandémie, les mesures sanitaires spécifiques à chaque pays contraignent les saisonniers étrangers qui ne peuvent se rendre en France.

 

Les prix des produits agricoles s’envolent…

Cette tendance sur les marchés a un impact direct sur le budget des consommateurs qui voient la facture de leurs courses quotidiennes s’alourdir.

Certains pays ont également initié des mesures visant à enrayer l’inflation de la nourriture. Aux Emirats Arabes Unis (qui importent 90% des denrées nécessaires), le gouvernement a envisagé de plafonner certains prix. La Russie pour sa part a instauré des taxes à l’exportation afin d’inciter les producteurs à écouler leurs stocks sur le marché intérieur. Malheureusement cette décision a pour effet pervers de renforcer la hausse des cours sur les marchés.

 

Un risque accru pour les agriculteurs français

Des producteurs français à la peine qui ne peuvent récolter et donc écouler leurs productions, des risques avérés sur les trésoreries et un recours à l’importation massive de produits sur nos étals locaux… Voici ce qui se joue actuellement. Enfin, avec comme objectif une Agriculture durable, cette crise met plus que jamais en exergue l’importance du choix du ou des modèles agricoles, dont les coûts de production, l’empreinte sur l’environnement ainsi qu’in fine l’impact sur les consommateurs-citoyens diffèrent terriblement.

Les prochains mois seront déterminants d’autant que l’état d’urgence dans les Antilles a de nouveau été décrété ; un nouveau protocole sanitaire à l’école a été établi et rappelons la généralisation du passeport sanitaire depuis le 9 août.

La France a pris une nouvelle série de mesures afin de contenir la propagation de la Covid 19, contre laquelle désormais, près de 70% des français sont primo-vaccinés. Les contaminations ont recommencé à augmenter et les hôpitaux craignent à nouveau d’arriver à saturation. La sortie de crise pour les secteurs n’est donc pas prévue à court terme avec la menace d’incidences durables en cas de reconfinement…