Les clés de la résilience des entreprises françaises en 2022

Dans un contexte économique marqué par des défis sans précédent, les entreprises françaises ont démontré une capacité de résilience remarquable. Pour mieux comprendre les facteurs clés de cette résilience et les perspectives du financement des entreprises en France, nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec Frédéric Visnovsky, Médiateur du crédit aux entreprises et Président de l’Observatoire du financement des entreprises.

Dans cet entretien exclusif, M. Visnovsky aborde en profondeur les missions et le rôle essentiel de la médiation du crédit, ainsi que les conclusions principales du rapport annuel de l’Observatoire sur la situation du financement des entreprises à fin 2022. Il met en lumière les stratégies adoptées par les entreprises françaises pour surmonter les répercussions de la crise COVID-19 et les enjeux du contexte économique actuel.

Pouvez-vous nous rappeler brièvement quels sont les missions et le rôle clé de la Médiation du crédit aux entreprises ?

“La mission est très simple. Ne pas laisser une entreprise seule face à ses difficultés d’accès au financement bancaire ou assurance-crédit. C’est une mission qui a été créée lors de la crise de 2008, qui est exercée par les succursales de la Banque de France, dans l’ensemble de nos territoires. La saisine de nos services est simple, directement en ligne, sur notre site. L’objectif du médiateur est de rapprocher l’entreprise et son établissement financier, de trouver une réponse au besoin exprimé par l’entreprise, puisque celle-ci requière une médiation suite à un refus.”

À qui et à quoi, ce résultat tient-il principalement ?

“Cet observatoire, je le préside en tant que médiateur du crédit. Indépendamment de la supervision des médiateurs départementaux, l’intérêt de cet observatoire est qu’il réunit à la fois les représentants des entreprises, comme le MEDEF, la CPME, l’U2P, les chambres consulaires, les chambres de métiers et de l’artisanat, et l’ensemble des grandes banques françaises avec la Fédération bancaire française, le financement participatif, et puis les pouvoirs publics, au travers de la Banque de France, l’INSEE, les services du Trésor. L’objectif de cet observatoire est de dresser un panorama consensuel de la situation de nos entreprises et de leur financement. Effectivement, le rapport qui a été publié en juin montre une très forte résilience des entreprises françaises qui ont su admirablement traverser la crise du COVID-19, puis affronter les difficultés liées à la crise ukrainienne, avec sa cohorte de problématiques énergétiques, inflationnistes, etc. Alors, à quoi ça tient ? Je crois que cette résilience repose sur trois grands aspects.”

“Le premier, c’est d’abord le “quoi qu’il en coûte”. L’objectif du “quoi qu’il en coûte” était de maintenir les activités, les emplois ; il y a donc eu un apport massif de trésorerie sous forme de subvention, avec notamment les Prêts Garantis par l’Etat. Certes, L’État s’est endetté avec ce dispositif, mais quel aurait été le coût si on avait laissé disparaître des pans entiers d’activités et les emplois associés ? Ce  dispositif a largement contribué à permettre le rebond que l’on a connu en 2021, après le choc de 2020.”

“Le deuxième aspect que l’on esquisse dans ce rapport, c’est le dynamisme naturel de nos entreprises. On évoque souvent les défaillances. Le nombre de défaillances augmente effectivement, et concernent surtout les très petites entreprises. Toutefois, parallèlement à ce phénomène, le nombre de créations d’entreprises est absolument considérable en France, bien supérieur au nombre de disparitions, dont seule une petite partie concerne les défaillances. Ce résultat reflète l’élan entrepreneurial de nos concitoyens, qui est absolument remarquable.”

“Et puis le troisième élément qui me semble important, c’est l’accompagnement des entreprises. Cet accompagnement a été et est toujours mené par la Médiation du crédit bien sûr, mais aussi par les réseaux consulaires, les services de l’État, l’objectif étant de ne jamais laisser les entreprises seules face aux difficultés exposées plus haut.”

“On est donc bien ici sur une conjonction de plusieurs facteurs qui a favorisé la capacité de rebond des entreprises françaises.”