De la révolution digitale à la révolution de la donnée

Un big bang digital

L’avènement du Web dans les années 90 et du e-commerce à partir des années 2000 ont poussé la société à amorcer une nouvelle forme de révolution : la révolution digitale.

Cette digitalisation massive est la forme d’évolution la plus « radicale » qu’a pu vivre la société depuis la révolution industrielle née dans la seconde moitié du XIXe siècle. L’ère des réseaux dans laquelle la communication devient permanente grâce aux médias digitaux est en plein essor depuis plus de 20 ans.

Le partage d’informations, les échanges de savoirs et d’opinion, le commerce, les nouvelles formes d’expression façonnent petit à petit la société de demain : une société de consommation virtuelle.

 

La donnée au cœur des enjeux

Chaque jour des millions d’individus se connectent et surfent sur la toile de site en site, de forum en forum, de recherche en recherche, de réseau social en réseau social.

Des milliards d’informations sont échangées, consommées et stockées un peu partout dans le monde. Après les humains, c’est au tour des objets de devenir des « collecteurs » d’informations ? Dans quel but ? Celui d’être analysés pour créer de nouvelles formes de consumérisation au service de l’économie, de la science ou de la société civile.

 

La révolution Big Data

Disons-le franchement, la révolution numérique que nous vivons depuis 30 ans est LA révolution des données. La terminologie « Big Data » nait d’ailleurs à la fin des années 90 au travers d’un concept modélisé en 4 dimensions : les « 4V » (Volume, Variété, Vélocité, Véracité). Il vise une finalité ultime : la création de « Valeur ». On parle alors des 5V.

Le Big Data « matérialise » la réalité et les fondations de cette nouvelle ère « digitale ». Associée à une évolution fulgurante des technologies (rapport performance/coût) et des techniques avancées d’analyse, elle permet de créer de nouveaux paradigmes d’idéation à partir d’une quantité volumineuse de données. De plus, le degré de sophistication, de rapidité et de précision qu’elle arrive à atteindre dépasse toutes les attentes.

 

L’entreprise Data Driven : une mutation irrémédiable

En résumé, le Big Data devrait servir une seule et unique cause, la création de valeur ou de savoir. Aucun domaine n’est épargné : économie, éducation, industrie, recherche, énergie, tertiaires, défense, agriculture et la société civile.

Pour le marché, l’enjeu est clair : fabriquer de nouvelles formes de valeur en exploitant au maximum ce nouvel « Or noir » que représente la donnée.

 

La donnée comme axe stratégique des organisations…

Cette donnée devient vitale, considérée comme un « actif » stratégique pour l’entreprise au cœur de toutes les préoccupations.

À partir des années 2000, les entreprises voient très vite l’opportunité d’utiliser ces milliards de données numériques à des fins commerciales ou d’innovation. Ce levier de développement, voire même de survie, est devenu vital dans les stratégies d’entreprise.

Le bouleversement des usages et de l’organisation du travail par la technologie oblige les entreprises à repenser leur raison d’être, leurs engagements sociétaux, leur culture, notamment pour consolider leur pérennité.

 

… mais qui peut s’avérer douloureuse

Cependant, la mise en place d’une culture « data-driven » au sein d’une entreprise n’est pas aisée. Si l’évolution concerne le traitement de ses données, ils concernent aussi les expertises qui doivent s’adapter à ces nouveaux usages.

Plusieurs sondages, dont le Big Data and AI Executive Survey de NewVantage Partners (2019), révèlent que la plupart des organisations échouent à devenir data-driven. Plus inquiétant encore, la part de sociétés qui se considèrent « data-driven » a décliné au cours des trois dernières années. De 37,1% en 2017, elle est tombée à 32,4% en 2018 et 31% en 2019.

 

Transformer son entreprise et réussir

Le management au centre de l’échiquier

Devenir data driven ne se décrète pas, c’est un engagement. Le management est la pierre angulaire de toute la stratégie. Il s’agit de mettre l’entreprise en capacité de définir une stratégie digitale claire autour de la donnée.

Cela passe inévitablement par la réponse à deux questions majeures : « Quels sont nos enjeux majeurs pour les prochaines années ? De quelles informations avons-nous besoin pour pouvoir répondre concrètement à ces enjeux ? ».

 

Identifier ses données

Il faut alors imaginer quels gisements de données, présents dans l’entreprise, peuvent participer à concevoir les informations recherchées. Ensuite, un travail de collecte des données « manquantes » à l’extérieur de l’entreprise es nécessaire.

 

Une mue attendue à tous les niveaux de l’entreprise

Cette démarche s’engage donc avec de profondes mutations au sein même de l’entreprise. En premier lieu, la transformation ou l’acquisition de compétences clés autour de la donnée, dictées entre autres par le concept des 4V (Big Data), est indispensable.

 

4V, de quoi parle-t-on ?

Les notions de « Volume » et de « Vélocité »

Chaque seconde sur internet voit dans le monde transiter davantage de données qu’internet en stockait sur une année entière il y a à peine 20 ans. Toutes sont des sources potentielles, un « data fuel » qui peut être utiles à l’entreprise.

L’enjeu réside en la capacité des entreprises à identifier, collecter, nettoyer et organiser ces « océans » de données pour en tirer profit. Certes, la technologie est aujourd’hui là pour qui sait la « dompter ». Cependant, le jeu de jambes de l’expert est essentiel pour appréhender ces flows de données sans se faire submerger par la vague et sa vitesse de déplacement.

 

Les notions de « Variété » et de « Véracité »

« Ce qui compte n’est pas la quantité, mais la qualité ». Ce qui est vrai dans certains cas ne l’est pas forcément dans d’autres. Nous observerons plus tard que, d’une manière générale, la performance de certains mécanismes d’IA nécessite à la fois de la qualité dans les données, mais également du volume.

Quoiqu’il en soit, ici encore, l’expert doté en particulier d’une capacité d’analyse aiguisée des données est essentiel pour rendre efficiente cette chaîne de raffinage et d’affinage des données.

 

La valeur ajoutée passe par l’expertise

Nous imaginons donc assez facilement que pour devenir une entreprise data driven, une grande majorité des acteurs de l’entreprise, est amenée à jouer un rôle primordial. L’organisation doit être imaginée autour de différents maillons (expertises) qui s’emboîtent dans la chaîne de traitement de la donnée.

Les rôles sont multiples :

  • Les collecteurs de données
  • Les nettoyeurs de données en charge d’éliminer la matière pauvre (le bruit),
  • Les préparateurs de données (Data Wrangling) qui rassemblent les données éparpillées pour les rendre consommables.
  • Les analystes chargés de transformer ce carburant brut, déjà raffiné par les autres experts.

C’est lors de cette dernière étape que tout se joue. C’est à ce moment que les données, croisées, enrichies se transforment en diamant : l’information et la valeur qu’elle contient.

 

Des profils d’entreprises data driven qui varient

On peut distinguer trois profils d’entreprise data driven :

  • Les « utilisateurs » de données, toutes sources confondues, ayant comme préoccupation centrale l’utilisation en interne des données pour les aider à relever leurs enjeux.
  • Les « fournisseurs/intégrateurs » de données jouant un rôle de collecteur, transformateurs injecteurs de données au service des « utilisateurs » de données.
  • Les « facilitateurs »de données apportant technologie et/ou expertise soit en fournissant des infrastructures externalisées soit du conseil auprès des acteurs métiers des entreprises « utilisateurs ».

 

Des enjeux multiples

L’économie numérique dont nous parlons depuis le début de cet article est intimement liée à la donnée qui en est l’un des inducteurs essentiels. Cette économie entretien une ambiguïté majeure, centralisée autour du concept de « création de valeur ».

En effet, si elle appuie une partie non négligeable de son développement sur un processus de collecte et de transformation d’une valeur « gratuite », la donnée se transforme de plus en plus en valeur marchande. Cette ambiguïté ne cesse de croître. D’ailleurs, de nombreux business model digitaux sont construits autour de cette idée.

J’aurais l’occasion de développer un peu plus tard les enjeux et les impacts de l’économie numérique d’un point de vue sociétal, social et éthique. La crise sanitaire que nous vivons actuellement est un révélateur fantastique à plus d’un titre.