Alors que le variant Omicron continue sa progression dans le monde, les entreprises françaises s’interrogent sur l’impact sur l’économie française. Sur ce point le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire dit ne pas avoir « d’inquiétudes pour la croissance française », en revanche il craint dans un contexte mondial des difficultés d’approvisionnement et des « tensions inflationnistes qui résultent de ces goulets d’étranglement ». Cette incertitude rebat la gestion des risques ou certains repères habituels disparaissent au profit de nouvelles menaces. Toute la question porte sur la capacité d’adaptation et de résilience des entreprises à piloter ses nouveaux risques. Ce pilotage est capital à leur survie et leur croissance. Il peut être considéré comme une opportunité. C’est l’ADN des entreprises adaptatives.

La capacité à anticiper les changements, un facteur de résilience et de croissance pour les entreprises

La perception ou évaluation du risque, résulte d’une construction cognitive et est propre à chaque entreprise ou secteur d’activité. Un risque acceptable pour une société ne l’est pas forcément pour une autre. Il peut l’être aujourd’hui et ne plus l’être demain. Il évolue selon des perceptions différentes. Son évaluation est un phénomène complexe et dépend de l’appréciation des entreprises à les appréhender. En situation d’incertitude, les représentations, les croyances et la confiance permettent de compenser l’absence d’explication rationnelle afin de donner un sens aux événements.

Dans ce monde incertain, la mise en place d’une politique de management des risques permet à l’entreprise, une vision plus réaliste de son environnement. Une gestion rationnelle au travers une veille continue permet de les :

  • Classer et évaluer par ordre de priorité et d’impact selon leur gravité et de leur probabilité de survenance
  • Diminuer leur gravité par la compréhension tout en anticipant leur effet à court ou à long terme.

De plus cette démarche rassure les investisseurs et les partenaires et constitue à long terme un avantage concurrentiel notamment dans le contexte actuel de pénurie, où les entreprises de certains secteurs d’activité de l’économie sont confrontées à la vulnérabilité logistique de leurs approvisionnements et à une désynchronisation des rythmes du travail ou les retards s’accumulent, le tout amplifié par des difficultés de recrutement.

Perception des risques

nouveaux risques

Classement des risques

Source : WIKICREA

Les nouveaux risques en entreprise : approvisionnement, transition économique… 

La chaîne d’approvisionnement englobe les fonctions d’achat de matières premières ou de produits intermédiaires à des fournisseurs, le processus de fabrication du produit via des sous-traitants et la distribution de ce produit aux clients via un réseau de distributeurs ou de détaillants.

Dans un contexte mondial de reprise économique, la désorganisation logistique provoquée par la crise sanitaire accentuée par le réchauffement climatique et la flambée de la demande sur des produits en tension provoquent des ruptures d’approvisionnement. Résultat, les prix de certaines matières premières ou produits transformés flambent et deviennent parfois introuvables. De ce fait la crise sanitaire a rebattu la gestion des risques ou certains repères habituels d’approvisionnement en flux tendu, parfois à l’autre bout du monde, mettent en avant de nouveaux risques dans la chaîne logistique.

Cette réalité expose, les entreprises à la merci du maillon le plus faible de la chaîne de leur approvisionnement. Elle révèle également le nécessaire besoin pour les entreprises d’apprendre à connaitre et maitriser les fournisseurs de leur chaîne de valeur d’approvisionnement. S’il y a des entreprises qui connaissent parfaitement leur fournisseur de rang 1, peu comprennent ce qu’il advient de leur fournisseur de rang 2, et seules quelques-unes savent vraiment quel est l’impact de leur fournisseur de troisième ou quatrième niveau voire plus.

Dans des cas extrêmes de difficulté d’approvisionnement comme nous le vivons actuellement, des entreprises peuvent passer, pratiquement du jour au lendemain, d’un bon état de santé à une situation d’insolvabilité. Comme pour les risques clients, le suivi et l’évaluation de la situation financière des fournisseurs est la meilleure préparation en vue de chocs potentiels. Elle commence par une évaluation approfondie de leur situation financière avant l’entrée en relation complétée par une surveillance au quotidien de leur solvabilité et pérennité.

Cette connaissance de sa chaîne de sous-traitants et fournisseurs, s’applique également par des obligations et pressions règlementaires faites aux entreprises dans le respect de leur devoir de vigilance et les futures réglementations environnementales sur la durabilité pilotée par la « Corporate Sustainability Reporting Directive » (CSRD), le règlement Taxonomie et le Sustainable Finance Disclosure Regulation (SFDR).

Pour répondre à ces nouveaux risques, seules les organisations à la pointe des pratiques de gestion de la chaîne de valeur de leur approvisionnement ont instauré des processus de gestion du risque lié aux fournisseurs liés autour de l’analyse de leur finance et leur liquidité, de leur conformité, de leur chaine d’approvisionnement et de la traçabilité de leur durabilité…

 

Conclusion

La maitrise des nouveaux risques devient pour les entreprises un outil essentiel de croissance et un facteur de différenciation à l’heure de la révolution digitale ou le mouvement est accéléré et le temps est raccourci. Elle constitue de nouvelles opportunités et est source de performance dans un monde en pleine mutation écologique ou les « business model » traditionnels sont remis en cause. Prendre la mesure de ces nouveaux risques et évaluer leur impact, c’est faire évoluer de manière durable, l’entreprise dans un monde incertain.

Ainsi, plus une entreprise maitrise ses risques plus elle s’en trouve transformée et ceci dans une économie de plus en plus tendue liée à la crise sanitaire et aux approvisionnements, à l’inflation, la pénurie de main d’œuvre, aux conséquences environnementales, à la prolifération de contraintes réglementaires, aux menaces liées à Internet et à la propagation des informations et données.