Retards de paiement T2 2025 : une détérioration inquiétante

Un deuxième trimestre sous haute tension

Après un léger mieux observé au premier trimestre 2025, le second trimestre marque une nette détérioration des comportements de paiement des entreprises françaises. L’analyse des données issues de notre observatoire confirme un durcissement général de la situation, porté par des tensions croissantes sur la trésorerie.

Dégradation générale du comportement de paiement

Le retard moyen de paiement toutes tailles d’entreprises confondues passe de 16,48 jours à 19,07 jours (+15,7 % en un trimestre). Ce chiffre efface les progrès des trimestres précédents et ramène la situation au niveau observé fin 2023.

Les Grandes Entreprises (GE) sont les principales responsables de cette dégradation : la part de leurs factures réglées à échéance chute de 37 % à 23 % en un trimestre. Leur retard moyen grimpe à 14,79 jours, soit une hausse de 22,5 % par rapport au T1.

Les Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI) ne sont pas en reste avec une hausse de près de 25 % de leur retard moyen. Les retards à 60 jours et plus augmentent également.

Les PME voient leur taux de paiement à échéance chuter de 5 points, tandis que les TPE restent les plus respectueuses de leurs délais, malgré une légère détérioration (-1 point).

Cette situation s’explique en partie par la forte dégradation de la trésorerie des ETI et GE, comme le révèle l’enquête conjointe de Rexecode, du Meti et de l’Afte.

Zoom sur les hôpitaux : une alerte européenne

L’arrêt de la CJUE du 18 juin 2025 condamnant la Grèce pour non-respect des délais de paiement de ses hôpitaux a mis un coup de projecteur sur la situation française.

Notre analyse révèle :

• 31 jours de retard moyen pour les hôpitaux publics
• 18 jours pour les hôpitaux privés

Ces niveaux restent préoccupants. Une procédure similaire contre la France n’est pas à exclure si ces pratiques persistent.

Focus sectoriel

Les secteurs les plus vertueux :

• Commerce et réparation automobile : 11,9 jours
• Agriculture, sylviculture, pêche : 12,87 jours
• Industries extractives : 13,71 jours

Les secteurs les plus en difficulté :

• Services administratifs et de soutien : 21,58 jours
• Information et communication : 20,96 jours
• Santé humaine et action sociale : 20,78 jours

Le secteur de la construction, longtemps dans le Flop 3, poursuit ses efforts et en sort pour la première fois. À l’inverse, le secteur Information et communication se dégrade fortement (+25 % en un trimestre, +36 % sur un an glissant) et intègre les secteurs les moins respectueux.

Dérive inquiétante

Activités immobilières : +35,85 % de retard en un trimestre (+41 % sur un an)
Si la tendance se poursuit, ce secteur pourrait faire son entrée dans le Flop 3 dès le prochain trimestre.

En résumé

Le 2e trimestre 2025 confirme un retournement de tendance préoccupant. Dans un contexte économique tendu, les retards de paiement risquent d’amplifier les difficultés de trésorerie pour les plus petites entreprises, pourtant les plus vertueuses. Une vigilance accrue et des actions collectives sont nécessaires pour enrayer cette dynamique.