À l’aube de 2026, la cybersécurité n’est plus seulement une affaire de « technique », mais une composante essentielle de la stratégie d’entreprise : de la confiance client, de la continuité d’activité, de la valeur ajoutée. En 2025, les organisations ont été confrontées à un contexte plus complexe que jamais : adoption massive de l’IA, chaînes d’approvisionnement très exposées, identités machines en expansion… Cet article récapitule en premier lieu ce que l’on peut retenir de l’année 2025, puis aborde les grandes tendances qui façonneront 2026, avant de proposer quelques pistes concrètes pour les entreprises en B2B.

Bilan 2025 : ce que l’on a observé

L’impact financier et opérationnel des incidents

En 2025, selon le rapport IBM Cost of a Data Breach Report 2025, le coût moyen global d’une violation de données s’établit à 4,44 millions de dollars.
Malgré une légère baisse par rapport aux années précédentes (liée à un meilleur temps de réponse et de confinement), ce chiffre reste élevé et traduit bien que, même les organisations bien préparées ne sont pas à l’abri.
De plus, IBM attire l’attention sur un phénomène nouveau : les organisations qui ont adopté l’IA sans gouvernance solide sont davantage exposées. Ainsi :

«97 % des entreprises ayant subi une violation liée à l’IA ne disposaient pas de contrôles d’accès appropriés à l’IA.»
Ce chiffre montre que l’innovation – IA, automatisation –  peut devenir un risque si elle n’est pas accompagnée par une bonne gouvernance.

Les vecteurs et tendances majeures d’attaque

Plusieurs rapports convergent pour indiquer que certains vecteurs de menace sont désormais incontournables :

Le rapport du World Economic Forum Global Cybersecurity Outlook 2025 pointe l’accroissement de la complexité du paysage cyber, alimenté par la géopolitique, la dépendance aux chaînes mondiales, et l’écart entre entreprises fortement organisées et résilientes, et celles moins préparées.

Le cabinet Gartner signale que la gestion des identités machines devient un défi majeur : «les équipes IAM ne contrôlent aujourd’hui que 44 % des identités machines dans leurs organisations».

Le rapport CyberArk State of Machine Identity Security Report 2025 met en avant que 81 % des responsables sécurité estiment la sécurisation des identités machines comme critique pour l’IA.

Enfin, les sources comme SentinelOne ou Deloitte montrent que l’adoption de l’IA par les défauts de gouvernance («shadow AI», modèles non supervisés) et la vitesse d’exploitation des vulnérabilités constituent des terrains d’attaque de plus en plus actifs.

Ce que cela signifie pour les entreprises

L’essor de l’IA, du cloud et de l’automatisation a apporté des bénéfices mais aussi de nouvelles surfaces d’exposition.

Le fait que la gouvernance ne suive pas toujours l’innovation crée des « zones grises » dans lesquelles les attaquants peuvent opérer.

Pour les entreprises en B2B, cela signifie que non seulement elles doivent se protéger, mais aussi prouver leur posture de cybersécurité à leurs clients et partenaires. La protection n’est plus interne seulement.

Le contrôle des identités (utilisateurs humains ou machines), la visibilité des tiers/fournisseurs, la gouvernance des données sont devenus des incontournables.

Tendances qui se dessinent pour 2026

L’IA et l’ombre de la « shadow AI »

En 2026, l’un des défis majeurs sera de maîtriser l’IA non seulement comme outil de défense, mais aussi comme vecteur de risque. Le concept de « shadow AI » – c’est à dire des modèles IA déployés sans supervision ou gouvernance – devient critique. IBM souligne que les organisations qui ne disposent pas de politiques IA voient leurs coûts de violation augmenter.
Pour les entreprises, cela implique de cartographier les usages IA internes, d’établir des politiques de gouvernance, de s’assurer que les données utilisées sont protégées, que les accès sont contrôlés, que les audits sont en place.

Identités machines, API, automatisation : le nouveau périmètre

Alors que pendant longtemps la cybersécurité se concentrait sur les utilisateurs humains, 2026 mettra l’accent sur ce que l’on appelle les « machines » : services, API, systèmes automatisés, workloads cloud. Gartner souligne que ce périmètre d’identité machines est encore largement sous-contrôlé. La conséquence pour les entreprises : établir une stratégie d’« Identity-First » (identité d’abord) qui dépasse l’utilisateur humain ; appliquer le principe de moindre privilège, surveiller les accès machines, automatiser les contrôles.

Chaîne d’approvisionnement, tiers et inter‐connexion : limiter la contagion

Une entreprise n’est plus isolée : ses fournisseurs, partenaires, sous-traitants, cloud services interagissent avec elle. Une attaque sur un maillon faible de la chaîne d’approvisionnement peut entraîner une crise majeure. Le rapport WEF identifiait cette « interdépendance » comme facteur de complexité. Pour un acteur B2B, cela signifie qu’il faut auditer ses tiers, inclure la cybersécurité dans les contrats, surveiller les flux, prévoir les scénarios de rupture.

Convergence IT/OT et focalisation sur la continuité d’activité

De plus en plus, les attaques visent non seulement les systèmes « bureau » mais aussi la couche opérationnelle (OT), les infrastructures, la production. En 2026, la convergence entre IT et OT va s’accentuer, et avec elle l’exigence d’une cyber-résilience forte : segmentation, supervision, plans de restauration. Cela implique pour les entreprises, même celles non industrielles, de se poser la question de la disponibilité, de la redondance, de la réponse rapide aux incidents comme élément de service client.

Réglementation, assurance, maturité cyber : un nouveau palier

Les régulateurs accélèrent leurs exigences, l’assurance cyber devient plus sélective, les entreprises devront montrer un niveau de maturité. Le rapport KPMG «Cybersecurity considerations 2025» évoque ce glissement : «Le rôle du CISO évolue, la confiance devient centrale, la cybersécurité s’intègre dans la gouvernance de l’entreprise». En conséquence, les entreprises en B2B qui pourront démontrer une posture forte auront un avantage compétitif : preuve de confiance, différenciateur client, réduction du risque de sinistre.

La cybersécurité n’est plus seulement un sujet IT mais un sujet business

En résumé, la cybersécurité ne doit pas être un simple « coût » ou une obligation technique, mais un levier de confiance et de croissance.

L’année 2025 a confirmé que la cybersécurité est un terrain de jeu où l’innovation (IA, cloud, automatisation) et la menace avancée (identités machines, chaînes d’approvisionnement, interconnexion) se rejoignent. Les entreprises qui réussissent sont celles qui ont pris conscience que la cybersécurité n’est pas seulement un sujet IT mais un sujet business.

En 2026, le défi s’élargit : maîtriser l’IA, sécuriser l’identité machines, dominer la chaîne fournisseurs, garantir la continuité et prouver la maturité. Pour une entreprise, cela n’est pas seulement un impératif défensif, mais une opportunité stratégique. Montrer que ses services ne sont pas seulement performants mais fiables, résilients, prêts à faire face aux défis de demain.

Bibliographie :

  • IBM Security – Cost of a Data Breach Report 2025, IBM Corporation, 2025.
  • World Economic Forum (WEF) – Global Cybersecurity Outlook 2025, WEF, 2025.
  • Gartner – Top Trends in Cybersecurity 2025, Gartner Research, 2025.
  • CyberArk – State of Machine Identity Security Report 2025, CyberArk Software, 2025.
  • KPMG – Cybersecurity Considerations 2025, KPMG International, 2025.
  • Deloitte – Cybersecurity Trends 2025: Building Digital Trust in the AI Era, Deloitte Insights, 2025.
  • SentinelOne – AI-Driven Threat Landscape 2025 Report, SentinelOne Labs, 2025.
  • ENISA (European Union Agency for Cybersecurity) – Threat Landscape 2025: Artificial Intelligence and Machine Identities, ENISA, 2025.
  • McKinsey & Company – Cyber Resilience in the Age of AI and Automation, McKinsey Digital, 2025.
  • Forrester Research – The State of Zero Trust and Machine Identity 2025, Forrester, 2025
  • Accenture – State of Cybersecurity Resilience 2025, Accenture Security, 2025.
  • ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information) – Panorama de la cybermenace 2025, ANSSI, 2025.
  • CNIL – IA et cybersécurité : gouvernance, conformité et risques émergents, Commission nationale de l’informatique et des libertés, 2025.
  • NIST (National Institute of Standards and Technology) – AI Risk Management Framework (AI RMF) 1.1, NIST, 2025.
  • ISO/IEC – ISO/IEC 27001:2025 – Information Security Management Systems, International Organization for Standardization, 2025