Pourquoi et comment faire attention à son crédit interentreprises en 2022 ?

Le crédit interentreprises correspond aux délais de paiement que les entreprises s’accordent entre elles dans le cadre de leur relation commerciale. Il s’agit essentiellement :

  • Du crédit client : délais de paiement accordés par l’entreprise à ses clients
  • Du crédit fournisseur : délais de paiement accordés à l’entreprise par son fournisseur

Chaque année, un grand nombre d’entreprises subissent des problèmes de trésorerie et prennent le risque d’être déclarées défaillantes. En 2022, dans un contexte toujours incertain, les entreprises devront ainsi plus que jamais maîtriser leur politique de credit management pour profiter pleinement de la reprise économique.

 

Quels points de vigilance observer dans le pilotage de son crédit interentreprises en 2022 ?

La fin des aides de l’État et le remboursement des PGE

La fin des aides de l’État, et pour certaines entreprises le début des remboursements, devraient avoir pour conséquence la réapparition d’un risque accru de défaillance. Dans certains secteurs, des demandes de rééchelonnement ont été demandées à l’État par les entreprises qui souhaitent prolonger la période de remboursement des PGE (Prêts Garantis par l’État) afin éviter d’être pris dans l’étau de la dette.

Sans une amélioration structurelle globale et durable de leur bas de bilan (poste client et position cash), certaines entreprises ne pourront pas faire face à ces échéances. Elles ne pourront également pas financer leur Besoin en Fonds de Roulement (BFR) pour tirer parti des opportunités de la reprise. Plus généralement, elles ne résisteront pas à la moindre difficulté supplémentaire.

 

L’alimentation en cash pour financer la reprise et développer la croissance

Suite à la crise Covid-19, certaines activités font actuellement face à une pénurie de matières premières, voire de main d’œuvre. Dans ce contexte, l’accélération des rentrées de cash est d’autant plus sensible et importante. En effet, celle-ci participe à la prévention des retards de paiement et in fine à celle du risque d’impayés.

Les études récentes montrent que la fonction trésorerie n’est pas encore assez développée en France, notamment dans les ETI et les PME. L’objectif de cette fonction consiste à anticiper ce qui se passera demain, à accélérer les rentrées d’argent de manière à préserver ou à améliorer la trésorerie, et ce afin de financer le BFR. D’autant que les échéances du remboursement des aides de l’Etat arrivant, leur trésorerie risque de fondre comme neige au soleil.

 

Délais de paiement, un indicateur à surveiller de près

Les délais de paiement ont un impact important sur la santé financière des entreprises. Le délai moyen de paiement (aussi appelé DSO, Days Sales Outstanding ou Nombre de Jours Crédits Client) représente le temps pendant lequel le chiffre d’affaires facturé reste non encaissé.

La Loi de Modernisation de l’Economie (LME) instaure depuis le 1er janvier 2009 pour les contrats commerciaux un plafond légal de paiement de 60 jours à compter de la date d’émission de la facture ou de 45 jours fin de mois.

En l’absence de précision dans les conditions générales de vente, le délai de paiement de 30 jours, suivant la date de réception des marchandises ou d’exécution de la prestation demandée, reste valable.

Dans le secteur public local, le délai de paiement réglementaire est de 30 jours. Il est réparti entre 20 jours pour l’ordonnateur (l’acheteur) et 10 jours pour le comptable public. Le respect de ces obligations de règlement tant dans le public que dans le privé permet d’assurer une bonne gestion de son cash (trésorerie) et d’éviter des défaillances potentielles.

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Ajuster le montant des prêts bancaires court terme en fonction de la capacité de remboursement

Dans un contexte où la hausse des taux d’intérêt prévisible est fortement liée au niveau de l’inflation, l’emprunt va devenir plus onéreux pour les entreprises. Le financement court terme a pour objectif de renforcer et d’anticiper les décalages de trésorerie ponctuels de l’entreprise, lui permettant ainsi de disposer des liquidités nécessaires pour ses dépenses courantes.

Parfois, un développement trop rapide de l’activité ou l’arrivée de certains événements conjoncturels déclenchent une détérioration de la trésorerie. Celle-ci n’est alors plus suffisante pour financer le cycle d’exploitation. Dans ce cas, l’entreprise a besoin de financement à court terme pour poursuivre son activité.

De plus, les ajustements des taux d’intérêt bancaires s’effectueront en parallèle d’une réduction de la marge de manœuvre des banques. En effet, à partir du 1er avril 2022, la BCE lèvera les allégements relatifs aux fonds propres et aux ratios de levier des entreprises qui leur avait été accordés depuis le début de la pandémie.

 

Surveiller le poste client pour optimiser la trésorerie

En 2021, environ 60% des entreprises ont choisi la confidentialité de leurs comptes sociaux. En rendant confidentielle la publication de leurs comptes sociaux, les entreprises choisissent de ne pas exposer leur situation économique.

Pour autant, en temps de crise, la publication des comptes sociaux permet de consolider la confiance dans le crédit que s’accordent les entreprises entre elles. Ce principe de transparence a pour vertu de donner aux partenaires, fournisseurs ou clients, une visibilité sur la situation économique des entreprises avec lesquelles, ils vont entrer ou poursuivre leur relation.

Pour se prémunir du risque de défaillance lié à ses partenaires commerciaux, les offres d’information économique, légale, financière et extra-financière sur les entreprises sont la solution pour évaluer et maîtriser les risques de solvabilité, de conformité et de fraude, liée à l’environnement des acteurs économiques.

Cette évaluation a pour but de qualifier les risques, d’attribuer les bons délais de paiement, de prendre des décisions sur les limites et encours de crédit. Elle vise à apprécier la solidité de l’entreprise et à mesurer le risque financier par :

  • L’examen des scores prédictifs de défaillance
  • L’analyse financière des comptes sociaux
  • La mise en place d’une surveillance active de la vie des portefeuilles clients et prospects France et internationaux

 

Disposer d’une trésorerie suffisante, meilleure arme préventive contre la défaillance

La gestion de la trésorerie au sein de l’entreprise va devenir essentielle dans le bon équilibre entre gestion des stocks, recouvrement des créances clients, paiement des dettes des fournisseurs et emprunts court terme autour du Besoin en Fonds de Roulement (BFR).

Il est important de noter que lorsque le Fonds de Roulement (FR) est supérieur au BFR, l’entreprise dispose d’une trésorerie positive. À l’inverse, on parle de trésorerie négative lorsque le BFR est supérieur au fonds de roulement.

Dans ce dernier cas, la situation n’est pas bonne pour l’entreprise qui va devoir faire appel à un crédit ou augmenter ses capitaux propres afin d’être en mesure de financer sa trésorerie et son cycle d’exploitation. Sachant bien entendu que toute entreprise doit disposer en permanence d’une trésorerie suffisante pour remplir ses engagements financiers.

Si le fonds de roulement ne couvre pas le BFR, la trésorerie est négative et le risque de défaillance est élevé.

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Surveiller le niveau des fonds propres des entreprises et leur capacité à absorber des situations de trésorerie défavorables

Le niveau des fonds propres est une garantie pour les tiers. En effet, plus il est élevé, plus les tiers (banques, fournisseurs, organismes sociaux et fiscaux) ont confiance en la solvabilité de la société et sont rassurés au sujet de sa pérennité.

Lors d’une analyse financière, l’augmentation du BFR est souvent associée à une faiblesse de fonds propres. L’entreprise est alors particulièrement exposée aux aléas conjoncturels ainsi qu’au risque de défaillance.

De plus, le manque de fonds propres entrave également l’accès à des financements pour les entreprises. Ainsi, les refus des banques dans un contexte incertain sont susceptibles de contribuer à les rendre plus vulnérables face au risque de faillite.

Le manque de fonds propres, lorsqu’il est durable, est la première cause de fragilité des sociétés. Aussi, renforcer les fonds propres des entreprises est une nécessité pour assurer leur solvabilité et leur développement.

 

Procéder à une recapitalisation d’entreprise si nécessaire

Lorsqu’une société traverse de grandes et longues difficultés de trésorerie, une recapitalisation est parfois nécessaire pour que son activité perdure. La recapitalisation d’entreprise est une solution visant à consolider la confiance dans le crédit interentreprises. Celle-ci peut se faire par l’apport de fonds d’un nouvel associé ou par une levée de fonds.

Cet apport de fonds sert à financer le besoin en fonds de roulement, mais aussi les investissements nécessaires au développement et à la croissance de l’entreprise. C’est aussi un moyen de communication. La recapitalisation démontre aux clients, prospects et concurrents une volonté de pérenniser son activité. Elle assure également une augmentation des garanties pour les créanciers.

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La maîtrise des fondamentaux de la gestion du crédit interentreprises, élément clé d’une croissance sereine en 2022

Le crédit interentreprises recouvre en ce début d’année 2022 des réalités très diverses. Il ne se réduit pas à une fonction strictement financière dans une économie de rebond et porte jusqu’à l’appréciation du risque de défaillance de ses partenaires commerciaux.

Après une baisse significative du nombre de défaillances constatée en 2021, les entreprises vont devoir redoubler de vigilance en 2022 dans un contexte de débranchement progressif des aides de l’état. Difficultés d’approvisionnement en matières premières et composants électroniques, hausse du coût de l’énergie et des transport, pénuries de main d’œuvre et des compétences disponibles, sans omettre plus généralement l’envolée des prix, sont autant de défis auxquels les entreprises devront répondre.

Ces éléments vont-ils fragiliser la trésorerie des entreprises et si oui, de quelles manières ? Il est encore trop tôt pour répondre précisément à ces questions. Toutefois, une chose est certaine : les entreprises devront rester vigilantes en déployant des politiques de crédit soutenues par l’utilisation d’outils de prévention du risque adaptés à la spécificité de leurs enjeux.

Quelles solutions pour se prémunir contre d’éventuels impayés et défaillances d’entreprise ? Cette question fera l’objet d’un prochain article.